vendredi 10 avril 2009

le jeune cinéma français

Laurent Cantet fait partie des jeunes auteurs d’aujourd’hui qui réalisent en France des films de qualité, et que René Prédal regroupe sous le nom de « jeune cinéma français » , comme premier mouvement esthétique d’envergure depuis la nouvelle vague.
Tout d’abord Laurent Cantet, comme beaucoup de ces jeunes cinéastes est issu de la prestigieuse IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques à Paris), aujourd’hui devenue FEMIS (école nationale supérieure des métiers de l’image et du son). Entrant dans l’avant dernière promotion de l’IDHEC en 1984, il croise des anciens comme Arnaud Despleschin, et noue des liens solides d’amitiés et de collaboration avec Vincent Dietschy (Didine, 2008), Thomas Bardinet (Les âmes câlines, 2001), Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, 2000), Gilles Marchand (Qui a tué Bambi?, 2003), Robin Campillo (Les revenants, 2004, et coscénariste et monteur d'Entre les murs), Pierre Milon (opérateur de tous les films de Cantet de Tous à la manif jusqu’à ELM). René Prédal remarque qu’un phénomène de promotion et de réseau, un peu semblable à celui de l’ENA, s’effectue à l’IDHEC-FEMIS. Des affinités sont favorisées par le biais des exercices d’école. « En outre, ces anciens élèves ont fréquenté les mêmes films analysés par les mêmes enseignants, chercheurs, critiques et professionnels, tous théoriciens ou praticiens d’un cinéma d’auteur aux critères davantage artistiques que techniques, spectaculaires ou commerciaux. » « C’est une école d’artistes, poursuit-il, plus que de professionnels, préparés à former le club très fermés des auteurs réalisateurs et non à devenir les metteurs en scène des idées des autres ou les artisans des films de genre initiés par la télévision. » En ce qui concerne Laurent Cantet, on peut affirmer qu’il aime à travailler avec une équipe à laquelle il reste fidèle. Cette équipe est constituée des mêmes coscénaristes (Gilles Marchand, Robin Campillo), du même chef opérateur (Pierre Millon), et des mêmes producteurs (Vincent Dietschy de Sérénade Production, puis Carole Scotta et Caroline Benjo de Haut et Court).
Ensuite nous pouvons noter, avec Prédal, le grand rôle des chaînes de télévision, en plus de celui de l’avance sur recette du CNC, dans le montage financier des films d’auteurs en France. La chaîne Arte s’implique particulièrement, en participant à ce que Prédal nomme des « cinétéléfilms » ou « télécinéfilms » , c’est – à dire- des films qui sortiront successivement à la télévision et au cinéma, ou inversement, ou encore pratiquement simultanément. Ainsi Les Roseaux sauvages (André Téchiné, 1994), ou Samia (Philippe Faucon, 2001), ou plus récemment La Belle personne (Christophe Honoré, 2008) sont à la fois des films TV et de cinéma. Il en a été de même pour Ressources Humaines de Cantet qui a aussi participé, aux côté de Tsai Ming Liang ou Walter Salles, à la série « 2000 vu par » dont Les Sanguinaires étaient la seule contribution française.
En outre, Cantet emprunte avec ELM la voie moderne de la DV qui « permet de ne plus faire la différence entre répétitions et tournage » , et donc facilite le travail avec des acteurs non professionnels comme Cantet aime à le faire. Grâce à la DV les prises sont plus longues, et on peut envisager un tournage avec plusieurs caméras (Cantet en utilisera trois simultanément dans ELM). Et la qualité de l’image DV peut conduire à « une sorte d’hyperréalisme pour parler comme en peinture - dont on peut tirer avantages. »
Enfin, Cantet fait partie de ces jeunes cinéastes qui, affirme toujours Prédal, favorisent le réel plutôt que l’image. « Le jeune cinéma français est généralement filmé comme Voyage en Italie, Stromboli ou Europe 51, dans la simplicité et la fluidité naturelles des œuvres attachées aux mouvements de êtres plus qu’à la géométrie des images. » Cantet dans les entretiens qu’il accorde reconnaît en effet l’influence de Rossellini, et de n’avoir jamais chercher à faire une belle image.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire