mercredi 13 mai 2009

La construction dramatique

Le scénario condense dans des séquences de cinq minutes environ des événements qui se produiraient dans la réalité à des semaines d’intervalle. Le discours est construit avec une ligne narrative qui soutient tout le film, dont le point d’orgue est le conseil de discipline. Si il y a pu avoir un quiproquo dans l’esprit des spectateurs sur la nature du film, il vient de l’envie de Laurent Cantet de restituer aussi une certaine réalité, de prendre le temps de laisser certains personnages exister, de prendre le temps de les regarder, un peu comme à la manière d’un documentaire. Mais il ne faut pas perdre de vue que ces personnages sont créés.
Le film est construit comme une chronique d’une année scolaire. Les séquences sont présentées dans l’ordre chronologique depuis le premier jour de la rentrée des classes jusqu’au dernier jour précédant les vacances d’été. Le sens de histoire, celle de Souleymane en l’occurrence, n’apparaît qu’au bout d’une heure de film, car les scènes amènent les éléments narratifs « par en dessous », en filigrane, tout doucement, ce qui contribue aussi à la confusion avec un documentaire. Les scènes paraissent moins instrumentalisées à la narration que dans la plupart des scénarios. Les fils narratifs mettent du temps à se nouer, mais ils sont bien là au bout du compte.
Le personnage de Souleymane est le personnage le plus fictionnel du film. Il est interprété par Frank Keita, dont la personnalité douce et posée est bien éloignée de celle de Souleymane, la forte tête de la classe par qui arrive la plupart des moments de tension. Son histoire a été écrite par Cantet deux ans avant sa rencontre avec Bégaudeau, et bien avant la lecture du roman.

Notons aussi que le film s’attarde sur les moments de l’année scolaire où la classe s’éloigne de l’enseignement purement scolaire pour aller vers des moments de discussion. Ces moments sont évidemment plus cinématographiques que par exemple une leçon de grammaire dans son intégralité qui se déroulerait sans incident. Il ne s’agit pas de donner une vision globale de ce qui se passe dans la classe de François, mais de mettre en avant les moments de frictions, de tension, durant lesquels se cherche la démocratie. La mise en avant de ces moments est une caractéristique importante de l’écriture du film.

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